
Mais qu'importe que je me tourmente, que je souffre ou que je pense, ma présence au monde ne fera qu'ébranler, à mon grand regret, quelques existences tranquilles et troubler et à mon regret encore plus grand, la douce inconscience de quelques autres. Je ressente ma propre tragédie comme la plus grave de l'histoire, et j'ai le sentiment implicite de ma nullité et de mon insignifiance.
En ce moment, je ne crois en rien du tout et je n'ai nul espoir, tout ce qui le charme de la vie me paraît vide de sens. Je n'ai ni le sentiment du passé ni celui de l'avenir, le présent ne me semble que poison. Je ne sais pas si je suis désespérée car l'absence de tout espoir n'est pas forcément le désespoir. Si l'on peut briser mes chaînes , que lorsque la mort cessera d'être un rêve pour ne jamais me retrouver.
Ma pensée n'est qu'un œil s'ouvrant sur mon mal, ta vérité détruit mes rêves et mes songes. Et je vois bien que nous ne pouvons rien connaître… voilà ce qui me brûle le sang, mais aussi toute joie m’est enlevée. Je ne crois pas savoir rien de bon en effet, ni pouvoir rien enseigner aux hommes pour les améliorer et les convertir.
Si la force de l’esprit et de la parole me dévoilait les secrets que j’ignore, et si je n’étais plus obligée de dire péniblement ce que je ne sais pas, si enfin je pouvais connaître tout ce que le monde cache en lui-même et sans m’attachere davantage à des mots inutiles... hélas et je languis encore dans mon cachot...